Comment imaginez-vous le web dans 10 ans ?

7 novembre 2010

overboardS’il y a bien quelque chose qui est synonyme de constante évolution, c’est le web. Cependant après un peu plus de 15 ans d’existence, certaines règles semblent établies, d’autres révolues, et certaines en train de naître. J’ai tenté dans ce (long) billet de dresser un bref état des lieux. RDV dans 10 ans pour vérifier 🙂

Les technologies

Les langages qui composent nos pages web ont été mis au point par le W3C. Ce consortium des plus grands acteurs du net de 1997 à nos jours a permis de créer de nombreux langages open source destinés aux systèmes d’informations. Le plus célèbre de ces langages est le HTML, il permet de décrire le contenu de nos pages web afin qu’un navigateur puisse les afficher, mais aussi qu’un moteur de recherche puisse en extraire des mots clés…

Ce qui fait la force de ces langages, c’est d’abord qu’ils ont été composés par un groupe de sociétés, et non par une société unique. Le deuxième facteur favorisant le développement d’un langage est qu’il soit ouvert (open source). Ce qui permet à n’importe quel développeur de rendre ses logiciels compatibles sans contrainte de droit. Ces aspects sont nécessaires pour assurer la pérennité d’une technologie et son développement rapide et à moindre coût. Alors oui, dans 10 ans (et même beaucoup plus) le contenu de nos pages web sera toujours écrit en HTML.

Les technologies propriétaires, comme Flash, Silverlight… seront probablement toujours supportées, mais personne ne peut dire si elles se seront répandues ou seront sur le point de disparaître. Cela dépendra des futurs accords commerciaux que feront leurs propriétaires respectifs.

En revanche la mise en forme, elle, va évoluer pour permettre d’avoir des sites ou des applications conçues pour les nouveaux types de supports (actuels et futurs), de type smartphone, PC, TV…

La 3D

Malheureusement aucune technologie de 3D n’a été encore validée par le W3C. Cependant un brouillon est actuellement dans les tuyaux : le WebGL.
Cette technologie n’est pas encore tout à fait au point mais les éditeurs de navigateurs travaillent déjà dessus. Le langage semble très prometteur, nos applications web devraient facilement pouvoir intégrer des objets en 3D et à terme, la plupart des jeux vidéos seront exécutés directement par le navigateur.

Le stockage des données en ligne ou chez soi ?

Il est difficile de trancher aujourd’hui, la tendance irait plutôt vers le stockage en ligne dans d’immenses centres de données. Mais je ne suis pas convaincu que les choses continueront ainsi. Cela nécessite un réseau informatique extrêmement performant et une grande confiance envers la société qui conserve nos données. Or pour le moment ces deux conditions ne sont que partiellement remplies, c’est pourquoi je pense que des appareils de type NAS ont encore un bel avenir. De plus cela correspond plus à la philosophie du web où chaque ordinateur fait partie intégrante de la toile.

La pénurie des adresses IPv4:

Cette pénurie devait bloquer le réseau dans les années 2000 or aujourd’hui le cataclysme n’a pas encore eu lieu. Nous ne sommes pourtant toujours pas tirés d’affaire mais le déploiement de l’IPv6 s’avère long et compliqué. Heureusement les grands acteurs du web et les FAI migrent petit à petit. Mais la transition pour les internautes et les entreprises devraient encore prendre plus d’une décennie.

Les grands acteurs du web

Microsoft, Apple…

Ils vont devoir anticiper les changements futurs, il est très difficile de dire comment ils vont s’en sortir, une chose est sûre, ils vont devoir être très attentifs sur la veille technologique. Google va certainement venir les attaquer de front sur le marché des OS. Il est également fort probable que de nouveaux acteurs viennent relancer cette guerre des systèmes d’exploitation et des logiciels. Si un concurrent doit apparaître, il n’arrivera sûrement pas directement avec un nouvel OS pour PC mais probablement via le marché des smartphones/tablettes ou via les consoles de jeu.

Linux, et les logiciels libres

De manière générale les projets libres démarrent modestement et beaucoup sont rapidement abandonnés. Cependant ceux qui résistent et finissent par être reconnus ont souvent des bases solides. Un logiciel libre qui atteint une certaine célébrité attire de nombreux développeurs chevronnés ainsi que des fonds pour contribuer à son évolution. A ce moment là le projet devient une référence et il est difficile pour une société concurrente de lutter en proposant des projets propriétaires souvent onéreux et parfois moins performants. C’est le cas de la fondation Apache avec son célèbre serveur Web, c’est le cas de la célèbre encyclopédie Wikipedia, c’est le cas de la fondation Mozilla avec son navigateur Firefox, etc. Cependant pour les OS, Linux peine à concurrencer Mac et Windows pour la simple et bonne raison que ces OS sont vendus et pré-installés sur la plupart des ordinateurs et il est peu probable que les choses changent à moyen terme.

Second life, et les mondes virtuels

En 2010 ce projet est moribond. Pourtant il est certain que les mondes virtuels en 3D vont revenir en force sur le web. Mais seul un système open source et compatible avec les technologies web du W3C pourra véritablement percer.

Facebook et les autres réseaux sociaux

Facebook est un OVNI, personne n’aurait soupçonné un tel succès et il est difficile de prédire ce que deviendra ce site au formidable potentiel dans les 10 prochaines années. Personnellement je doute qu’il soit toujours aussi populaire en 2020 mais Mark Zuckerberg a sûrement de nouveaux projets en tête pour venir compléter sa plateforme communautaire 🙂

Quant aux autres réseaux sociaux tels que LinkedIn, Viadeo… Je doute qu’ils soient toujours aussi présents dans 10 ans, cela va dépendre des habitudes que vont prendre les internautes mais le réseau social va devoir évoluer. Aujourd’hui il est trop contraignant pour l’internaute de mettre à jour 3 ou 4 réseau sociaux.

Les choses vont probablement beaucoup bouger dans ce domaine, il est difficile de prédire où et comment nous géreront notre cyber vie sociale en 2020, en tout cas il va être passionnant de suivre, voire de participer à ces changements.

Google

Lui est déjà en 2020 ! Avec leur moteur de recherche et leurs outils dérivés (google analytics, google adwords…), ils ont les informations les plus précises et pertinentes sur tous les sites publics, sur les courants de masse.
Avec Gmail ils ont la messagerie la plus performante et la moins onéreuse. Ce qui leur permet d’avoir des informations d’une précision effrayante sur chaque individu.
Avec Chrome, ils participent au développement de webkit, le moteur de rendu de page web le plus performant et libre de surcroît. Ce navigateur leur permet de favoriser leurs produits auprès des internautes, sans compter les informations sur la navigation de ceux-ci qui pourront être facilement étudiées car Chrome utilise par défaut les DNS publics de google qui sont, il est vrai, souvent plus rapides que ceux des FAI…
Avec Googlemap il donne aux internautes tout un panel d’outils de géolocalisation supplémentaires à utiliser au quotidien.
Avec Androïd et Chrome OS, Google peut désormais gérer l’activité de l’internaute de son terminal jusqu’au serveur, toute l’information passant désormais par ses services.

Don’t be evil qu’ils disaient ?
J’espère que la concurrence va revenir équilibrer les choses dans les prochaines années et que le web de 2020 sera toujours neutre et n’appartiendra pas à Google.

Nous: Les internautes

2010 marquera un tournant dans la vie de l’internaute. Jusqu’à présent il n’était qu’un spectateur du web. Surfer, télécharger, jouer… Tout cela se faisait de manière quasiment anonyme. Aujourd’hui chaque internaute est appelé à devenir un acteur du web. Cette nouvelle liberté n’est pas sans contre-partie. Une phrase mal écrite sur Facebook peut détruire son auteur en quelques heures. Idem pour une vidéo postée sur Youtube… Les internautes vont devoir faire face à de nouvelles responsabilités sans y avoir été préparés. Dans 10 ans nous auront appris à communiquer en privé et à communiquer sur le web, c’est à dire face à un public inconnu et invisible. Mais nous sommes la génération qui va devoir faire cet apprentissage à ses dépends.